Dans presque tous les secteurs, de l’alimentation à la technologie, et même dans des domaines plus surprenants, il existe des associations professionnelles qui représentent des entreprises, des professionnels et des producteurs. Saviez-vous, par exemple, qu’il existe un Institut flamand de l’apiculture qui regroupe toutes les associations d’apiculteurs ? Il s’agit là aussi d’une association professionnelle. Pourtant, beaucoup d’incertitudes subsistent quant au rôle exact des fédérations professionnelles, leur raison d’être et leur fonctionnement.
En tant que fédération professionnelle du secteur belge des vins et spiritueux, il nous a donc semblé opportun de démystifier les idées reçues les plus courantes. Bien que les associations professionnelles aient beaucoup en commun, chacune a sa propre réalité, avec ses sensibilités et ses défis spécifiques. Certains secteurs sont tout simplement plus souvent sous les feux des projecteurs que d’autres.
Nous avons répertorié ci-dessous six mythes courants dans notre secteur et nous montrons pourquoi ils sont en réalité inexacts.
Mythe n° 1 : « Les fédérations professionnelles ne tiennent compte que des intérêts de leur propre secteur. »
Sur papier, il est vrai qu’une association professionnelle défend les intérêts de ses membres. La définition du SPF Économie est claire à ce sujet : « Une association professionnelle est destinée à l’étude, la protection et le développement des intérêts professionnels de ses membres » Mais cela ne signifie pas qu’une fédération travaille avec des œillères.
Au contraire. Une fédération qui ne se préoccuperait que d’elle-même ne serait pas en mesure de donner des conseils pertinents ou crédibles. C’est pourquoi elle examine également la situation dans son ensemble : les évolutions sociales, les attentes des consommateurs, la réalité économique, les objectifs en matière de santé, la durabilité, la réglementation internationale, etc.
Une bonne fédération professionnelle relie les intérêts du secteur aux besoins de la société et recherche des solutions qui renforcent les deux. Le lobbying aveugle ne fonctionne pas ; les solutions constructives, fondées et largement soutenues, oui.
Mythe n° 2 : « Les fédérations professionnelles tentent de discréditer ou d’influencer la recherche (scientifique) ».
Cette accusation revient souvent dans les secteurs sensibles sur le plan social. Mais il est faux de dire que les fédérations veulent discréditer ou boycotter la recherche. Ce qui est vrai, c’est que les associations professionnelles ont la responsabilité de bien comprendre, d’expliquer et d’interpréter correctement la recherche. Surtout lorsque les études ont un impact sur les politiques ou font l’objet d’une large communication.
C’est pourquoi les fédérations posent parfois des questions supplémentaires, demandent des explications méthodologiques ou replacent les résultats dans un contexte plus large. Cela est parfois considéré à tort comme une attaque contre la science, alors que c’est exactement le contraire : il s’agit de veiller à une interprétation correcte. Les choix politiques s’appuient sur des connaissances scientifiques, qui doivent donc être correctement comprises et appliquées.
Demander plus d’explications n’est pas une attaque contre la science, mais plutôt une reconnaissance de son importance.
Mythe n° 3 : « Les fédérations professionnelles achètent les décideurs politiques »
L’image hollywoodienne du lobbyiste influent, armé d’un agenda de dîners et d’une enveloppe, est tenace mais trompeuse. La réalité belge et européenne est aujourd’hui tout autre.
Oui, les fédérations sont régulièrement en contact avec les décideurs politiques. C’est non seulement logique, mais aussi nécessaire : ceux-ci ont besoin d’informations correctes, de connaissances du secteur et d’une expertise technique pour pouvoir prendre des décisions éclairées. En ce sens, une fédération professionnelle agit plutôt comme un phare : lorsqu’elle constate que les décisions politiques risquent de s’écarter de ce qui a été convenu ou que des mesures peuvent avoir des effets secondaires indésirables, elle le signale en temps utile.
Elle le fait de manière transparente, sur la base de faits et sans agenda caché. Une visite guidée ou une visite d’entreprise n’est pas un « pot-de-vin », mais un moyen de rendre la réalité tangible. Car une bonne élaboration des politiques exige plus que des chiffres ; il est également essentiel de comprendre le contexte, la pratique et les personnes qui se cachent derrière ces chiffres.
Mythe n° 4 : « Une fédération professionnelle n’est pas objective en raison de ses intérêts commerciaux »
L’objectivité est souvent mal comprise. Il ne s’agit pas de l’absence d’intérêts, mais de la justification des points de vue par des données correctes, la transparence et l’expertise.
Les fédérations professionnelles ont des intérêts, certes. Mais cela ne rend pas leur contribution moins précieuse, bien au contraire : elles apportent des connaissances uniques qui sont essentielles à l’élaboration de politiques viables. L’objectivité ne signifie pas que vous n’avez aucun intérêt, mais que vous étayez votre point de vue. C’est exactement ce que fait une fédération forte.
La vraie question serait peut-être plutôt : qu’est-ce qui est encore objectif aujourd’hui, alors que même les faits sont parfois interprétés différemment ? Tant que les points de vue sont fondés sur des données, la transparence et l’expertise, ils sont au moins aussi objectifs — parfois même plus objectifs — que de nombreux débats publics.
Mythe n° 5 : « Les fédérations professionnelles n’existent que pour faire du lobbying »
Bien que chaque fédération professionnelle ait son propre ADN, presque aucune ne se limite à un simple « travail de lobbying ». Les contacts politiques ne constituent qu’une partie d’un ensemble de tâches beaucoup plus large. Que fait donc une fédération professionnelle en plus ?
- Elle offre un soutien opérationnel (dans le cadre de la législation, du commerce, etc.) à ses membres.
- Organiser des séances d’information et parfois même des formations
- Collecter, analyser et interpréter les chiffres du secteur
- Traduire les informations pratiques en solutions réalisables
- Faciliter les événements sectoriels
- Suivre la réglementation nationale et internationale
- …
Ce travail s’effectue en grande partie en coulisses. Non pas parce qu’il est secret, mais parce qu’il est moins visible par le grand public et fortement lié au secteur. Il constitue néanmoins la colonne vertébrale d’un fonctionnement sectoriel stable, durable et innovant.
Mythe n° 6 : « Les fédérations professionnelles sont des organisations fermées »
L’image de fermeture est fausse. Dans la pratique, les fédérations professionnelles travaillent de manière beaucoup plus transparente qu’on ne le pense souvent. Il ne pourrait d’ailleurs en être autrement. Comme mentionné précédemment, une fédération professionnelle défend les intérêts de son secteur et en particulier de ses membres affiliés, mais toujours en tenant compte des besoins sociaux plus larges. La transparence en matière de données, de points de vue et de processus n’est pas un fardeau, mais une nécessité. Elle permet à une fédération de gagner en crédibilité et en confiance.
La transparence se traduit notamment par :
- une concertation ouverte avec les décideurs politiques
- une communication claire sur les analyses et les notes de position
- l’interprétation correcte des chiffres et des faits
- une communication accessible aux médias, aux partenaires et aux parties prenantes
- une collaboration avec des experts, des scientifiques et d’autres secteurs
Une organisation fermée aurait tout simplement moins d’impact. La transparence rend une fédération plus forte et plus pertinente.