Laissez-vous séduire par le « Château de Bioul  », le Domaine du Chenoy (Télé Moustique 01/08/2018)  ou le « Domaine de Mellemont » (Express.be 16/07/2018). De nombreuses entreprises viticoles flamandes ont également été visitées comme Dappersveld-Woestyn à Lennik (HLN 28.07.2018), Wijngaard Kampenberg à Vlierzele (HNB 24.07.2018), Wijndomein Hoenselhof à Borgloon(De Standaard 23.07.2018), Wijngaard Ten Bunder à Aarschot, Wijndomein Kluisberg à Bekkevoort, Wijndomein Danouise à Houwaert (HLN 26.07.2018) ou De wijnhoeve D’Hellekapelle à Loker-Heuvelland (https://www.focus-wtv.be/nieuws/zon-en-hitte-zijn-zegen-voor-de-wijnbouwers)

Vu les conditions météorologiques méridionales que nous connaissons, les spéculations vont bon train et tablent sur une récolte record, voire une année «grand cru».

Mais comment le réchauffement climatique affecte-t-il la qualité du vin belge ? Guido De Mets, docteur en ingénierie biologique et expert en matière de qualité du vin, nous livre son point de vue de spécialiste.

Les processus qui modifient l’apparence de la terre, par exemple la dérive des continents ou les glaciations, se déroulent sur une échelle de temps très longue, qui va bien au-delà du futur proche. Le réchauffement climatique que nous connaissons constitue cependant l’exception à la règle. Depuis le début du 20e siècle, la température moyenne a grimpé de 0,8 °C. Les modèles actuels prévoient une nouvelle progression de 0,3 °C à 4,7 °C pour la fin du siècle. La principale raison pointée du doigt, à savoir l’augmentation accélérée des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, est imputable à une hausse incessante des émissions de CO2 dues aux activités humaines. Avec pour résultat, dans un délai relativement court, la fonte des calottes polaires et des glaciers, ce qui provoquera à son tour une élévation du niveau des mers comprise entre 0,2 et 2 m. Les scientifiques prévoient également une augmentation du rayonnement UVB et des phénomènes météorologiques extrêmes, associés à des périodes de sécheresse prolongée et des inondations.

Il est donc justifié de se demander si la viticulture en subira aussi les conséquences. En soi, une hausse des températures n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Le viticulteur devra cependant s’habituer au fait que ses vignes connaîtront une anticipation et une accélération de leur cycle de vie. Outre une tendance à des teneurs en sucre plus élevées et à des vins plus alcoolisés, nous observons que les vendanges se déroulent souvent 2 à 3 semaines plus tôt qu’au début du 20e siècle. Les problèmes surgissent lorsque les vignes sont régulièrement exposées à des températures supérieures à 30 °C. Celles-ci ralentissent le métabolisme des plantes, quand elles ne le bloquent pas tout simplement, et provoquent des pertes hydriques indésirables du fait de l’évaporation, ce qui peut rendre un vignoble impropre à la viticulture. Les avantages d’une augmentation des concentrations en CO2 peuvent donc être totalement gommés en cas de températures extrêmement élevées.

Les prévisions les plus pessimistes affirment qu’à la fin du 21e siècle, environ 80 % des régions viticoles actuelles auront disparu. La hausse attendue du niveau des mers risque également de mettre en danger les régions côtières situées à basse altitude, même si un certain nombre d’entre elles seront remplacées par de nouveaux vignobles mieux tempérés dans le nord de l’Europe, en Nouvelle-Zélande et dans la partie ouest de l’Amérique du Nord. À l’horizon 2020, la frontière climatique au-delà de laquelle la culture de la vigne n’est plus possible aura reculé d’une trentaine de kilomètres vers le nord dans l’hémisphère septentrional. Et cette tendance est appelée à se prolonger. Des interventions agricoles et technologiques qui favorisent le rafraîchissement et l’irrigation tout en renforçant la résistance des vignes à la chaleur et à la sécheresse devront être mises en œuvre pour limiter la potentielle perte de vignobles.

Nous pouvons également nous demander si le réchauffement de la planète exercera une influence sur les vignobles belges, même si cette question reste en partie spéculative, compte tenu des nombreux facteurs qui entrent en jeu. Selon les extrapolations les plus alarmantes, la température qui régnera en Belgique à la fin du siècle se rapprochera de celle enregistrée aujourd’hui dans la région de Bordeaux. Nous pouvons d’ores et déjà escompter des températures dignes de la Bourgogne sous nos cieux vers 2040, avec un glissement non négligeable vers le nord de la frontière climatique de la viticulture. La génération actuelle de viticulteurs belges ne pourra probablement pas profiter de ce réchauffement, mais elle peut en revanche prendre des décisions importantes pour ses successeurs. Il serait ainsi possible de choisir à l’avenir des espèces de raisins qui à l’heure actuelle, mûrissent encore difficilement. L’implémentation de méthodes biologiques devrait également s’en trouver simplifiée. Il est par contre impossible de se faire aujourd’hui une idée précise de l’évolution des précipitations, sans compter qu’il faut prendre en considération des facteurs autres que les changements climatiques, entre autres le choix de la parcelle, la taille et le choix de la date des vendanges, pour produire du vin de qualité. Enfin, des conditions météorologiques plus dures, notamment des périodes de sécheresse prolongée, des inondations et probablement des averses de grêle plus nombreuses et plus dévastatrices, sont une mauvaise nouvelle pour les vignobles en Belgique et aux Pays-Bas.

Guido est également un patient SLA. Il a conçu un formulaire de dégustation simple qui peut être obtenu auprès de la Ligue SLA (+32 (0)16/23. 95.82, www.ALS.be) moyennant une contribution laissée au libre choix de chacun.