Geert Van Lerberghe est le directeur de Vinum Et Spiritus, la fédération belge des vins et spiritueux
Dans la lutte contre l’abus d’alcool, de nombreuses mesures ont déjà vu le jour. Plusieurs initiatives visent à lutter contre les abus, notamment chez les jeunes. L’alcool est un produit destiné aux consommateurs adultes ; nous continuons à le souligner, même au sein de notre fédération professionnelle. Par conséquent, chez Vinum Et Spiritus, nous nous demandons où se trouve le soutien politique en faveur d’un âge minimum général pour la consommation d’alcool, qui couvrirait toutes les boissons alcoolisées ?
Plusieurs centres d’expertise, organisations de santé mutuelle et associations de pédiatres ont déjà largement documenté la plus importante vulnérabilité des jeunes consommateurs dès lors qu’il est question de consommation excessive d’alcool, et ce en raison de facteurs biologiques, sociaux et psychologiques. Malgré quelques initiatives qui ont fait leurs preuves, comme la Tournée Minérale et de vastes campagnes de prévention, les mineurs pourraient être encore bien mieux protégés. Le binge drinking, par exemple, conduit encore aujourd’hui en moyenne 43 jeunes ayant entre 12 et 17 ans à se retrouver, chaque semaine, dans les services d’urgence pour intoxication alcoolique.
Prévention de l’alcoolisme chez les jeunes
Les campagnes de prévention destinées aux jeunes font encore souvent la distinction entre les différents types de boissons alcoolisées. Ces campagnes se basent sur l’idée que, puisque certains alcools seraient plus nocifs que d’autres, des âges minimums différents pour chaque type d’alcool seraient requis. Toutefois, une étude récente montre qu’il n’y a pas de différences notables entre la consommation modérée d’un certain type d’alcool et la consommation modérée d’un autre type d’alcool en termes d’effets sur la santé. Un verre étant un verre, aucune boisson alcoolisée n’est intrinsèquement plus sûre ou plus dangereuse pour la santé qu’une autre. De plus, les modes de consommation les plus dangereux sont généralement associés à la boisson la plus consommée dans un pays.
En outre, la Belgique est également l’un des rares pays européens où il est encore légal de vendre de l’alcool aux mineurs. Aux Pays-Bas, l’âge minimum pour l’achat d’alcool a déjà été harmonisé à 18 ans pour toutes les catégories de produits en 2014. Depuis lors, le respect de cette limite d’âge par les vendeurs d’alcool s’est visiblement amélioré. En outre, selon une enquête menée en Belgique par les Mutualités Libres, le soutien social en faveur d’un âge minimum général est présent, sept Belges sur dix y étant favorables.
Nos producteurs et vendeurs s’engagent chaque jour à produire, de manière durable, l’alcool qu’ils proposent aux consommateurs. Ils sont conscients de la responsabilité qu’ils portent envers les consommateurs et réclament, en matière d’alcool, une politique cohérente et de long terme. En plus de n’avoir aucune base objective, les règles sur lesquelles se basent actuellement la distinction faite entre les boissons alcoolisées manquent de clarté, ce qui nuit grandement au maintien d’une politique efficace en matière d’alcool. Un âge minimum général de 18 ans pour acheter de l’alcool créerait non seulement de la clarté pour les producteurs et les consommateurs, mais enverrait également un signal fort de la part du gouvernement concernant sa volonté de protéger efficacement les mineurs.