Vinum Et Spiritus souhaite la bienvenue à son nouveau président

Après quatre années passées à la tête de Vinum Et Spiritus, Dirk Van Ham laissera son siège de président à Bernard Zacharias, propriétaire et CEO de la Distillerie Radermacher, située en Belgique germanophone. L’occasion pour nous de retracer la présidence de Dirk.

Dirk, comment êtes-vous parvenu au poste de président de Vinum Et Spiritus ?

En novembre 2015, le gouvernement a imposé une augmentation drastique des accises sur le vin et les spiritueux. Cette décision a eu un impact sans précédent sur notre secteur. Nous avons alors tous mis la main à la pâte pour réagir à cette mesure. À l’époque, j’étais très actif dans la task force mise en place par notre fédération pour gérer ce dossier en qualité de Country Manager de Diageo Benelux. Comme j’étais particulièrement impliqué dans la gestion des activités principales de la fédération, on m’a proposé de relayer Marc Tillon lors de son départ anticipé et d’assister le président Jacques Thienpont en qualité de vice-président. Mon passage à la présidence s’est fait de manière tout à fait naturelle. En effet, je n’ai pas hésité un instant à assurer la présidence de Vinum Et Spiritus lors du départ de Jacques, en avril 2017.

Concrètement, que représente le rôle de président et comment abordez-vous vos différentes tâches ?

En réalité, le président n’est qu’un maillon d’une grande chaîne. Le directeur général, les collaborateurs, les comités internes et les experts externes m’ont tous aidé à analyser de manière pertinente différents sujets spécifiques, à assurer l’équilibre de la position de notre secteur, à mettre en place un dialogue externe et interne de qualité, mais aussi à tisser d’étroits liens collaboratifs. Pour résumer, j’ai poursuivi le travail de structuration et de professionnalisation d’un groupement d’intérêt moderne.

Notre secteur traite une multitude de sujets essentiels et d’objectifs concrets. Une variété qui grandit encore au fil des ans. Il est aussi intéressant de noter que toutes ces questions et tous ces objectifs sont reliés d’une manière ou d’une autre.

L’essentiel est d’adopter une communication claire et solide concernant ces différents sujets à destination de nos membres et de nos parties prenantes externes afin de leur en démontrer la valeur ajoutée et ainsi de bénéficier de leur soutien. Cette tâche n’est pas toujours aisée au sein d’une structure d’actionnariat hybride. En effet, différents intérêts sont amenés à se côtoyer au sein de cette structure. Des intérêts parfois même contraires qui compliquent notre volonté de structurer des objectifs concrets et nous obligent à rechercher en permanence l’équilibre parfait tout en garantissant la clarté et la viabilité de notre position finale.

Après quatre ans de présidence, de quelles réalisations êtes-vous le plus fier ?

On n’accepte pas la présidence d’une fédération par pur intérêt personnel, mais bien pour aider ses membres à progresser dans la bonne direction. Lorsque je me penche sur ces quatre années, je vois surtout une plus grande implication et une unité plus forte de nos membres dans les processus décisionnels de la fédération, mais aussi une meilleure visibilité de notre groupement et de ses priorités auprès des responsables politiques et des parties prenantes sociétales. Je suis également très fier de la résilience de nos membres durant les mois les plus sombres de la pandémie de Covid-19. Inspirés par la nouvelle génération, certains commerçants se sont enfin lancés dans l’e-commerce, plus de 20 distilleries ont témoigné d’un réel engagement sociétal en démarrant rapidement la production de gel hydroalcoolique et d’alcool antiseptique à destination des hôpitaux et des centres de soin. Enfin, je suis reconnaissant pour les mesures de soutien octroyées à nos entrepreneurs. Je souhaitais qu’à l’issue de mon mandat, la fédération affiche une meilleure position que lorsque je l’ai accepté. Je laisse aux autres le soin de juger si j’y suis parvenu, mais personnellement, je pars avec le sentiment d’avoir apporté ma pierre à l’édifice. Même si l’édifice est loin d’être achevé.

Quel conseil aimeriez-vous donner à votre successeur ?

Bernard Zacharias a l’entrepreneuriat dans la peau et affiche déjà une longue expérience de membre de Vinum Et Spiritus malgré son âge relativement jeune. Il a suivi l’évolution de notre fédération de très près, en tant que membre, administrateur, président du comité production belge et membre du comité exécutif. Bref, il évolue en territoire connu.

Bernard a confirmé à plusieurs reprises sa passion toute professionnelle pour notre fédération à l’occasion des multiples entrevues de préparation que nous avons tenues ces derniers mois. Je pense que l’avenir de la fédération est entre de bonnes mains. Si je devais donner un conseil à Bernard, ce serait celui-ci : continue de progresser sur la voie qui a été tracée, mais étend encore la visibilité de l’amour et de la passion que nous portons pour nos beaux produits.

Félicitations pour votre élection au poste de nouveau président de Vinum Et Spiritus, Bernard. Vous êtes actif de longue date au sein de notre fédération en qualité d’entrepreneur. Mais qui êtes-vous, Bernard Zacharias ?

En effet, je suis propriétaire et CEO de la Distillerie Radermacher implantée à Raeren, commune des Cantons nichée à deux pas de la frontière allemande. Cette distillerie a été fondée en 1836 par Peter Radermacher, mon arrière-arrière-grand-père. J’ai repris l’entreprise en 1989. J’étais alors âgé de 22 ans et fraîchement diplômé en philologie germanique. Cela fait plus de 30 ans que nous évoluons tout en restant fidèles à nos traditions familiales et à nos anciennes recettes régionales.

Cette année marquera un nouveau tournant dans l’histoire de notre distillerie avec la construction d’une distillerie chaude flambant neuve qui démarrera avant le début de l’été et modernisera encore notre production artisanale.

On pourrait résumer en disant que vous suivez le précepte « qui n’avance pas recule » !

Oui, parce qu’un entrepreneur doit toujours avoir une longueur d’avance. Dans la mesure du possible, notre direction ambitionne de toujours se projeter quelques années en avant. Mais ça ne fonctionne pas toujours, nous n’avions pas prévu la crise liée au coronavirus.

Mais depuis quelques années, ma fille Line assure différentes fonctions opérationnelles au sein de la distillerie. Nous continuons donc d’investir dans l’avenir de notre entreprise familiale à l’aide de nouvelles installations.

Le conseil d’administration a appuyé votre candidature à l’unanimité. Quels sont vos atouts pour assurer la présidence ?

Je ne pense pas qu’il y ait eu beaucoup de candidats à la présidence (dit-il avec un clin d’œil). Le contexte de ma candidature est très similaire à celle de Dirk, à l’époque. Ces cinq dernières années, ma fonction de président du comité production belge, l’un des trois segments de notre fédération, m’a amené à entretenir de très nombreux contacts avec les viticulteurs et les producteurs de spiritueux des quatre coins du pays. Je suis quadrilingue, ce qui me permet de dépasser aisément toutes les frontières. C’est une seule et même grande famille d’agriculteurs et d’artisans affichant un véritable esprit entrepreneurial. Et je me suis impliqué pour resserrer les liens qui unissent ces entrepreneurs. J’ai demandé à accorder une attention particulière à leurs intérêts et besoins spécifiques au sein du comité exécutif. Mais j’ai aussi fait appel à leur collaboration pour concevoir et mettre en place des solutions concrètes afin de répondre à des besoins sociétaux bien précis. Après quelques années consacrées à ce genre d’activités, ce type de fonction décisionnelle se présente presque à vous.

Je suppose que vous avez déjà une idée assez précise des activités avec lesquelles vous souhaitez démarrer votre présidence.

Je ne compte pas faire table rase du passé. Ces dernières années, Dirk et l’équipe de Geert et Muriel ont déjà bien tracé la voie avec l’aide de nos membres. L’essentiel sera de garantir la continuité de ce travail. Mais le conseil d’administration est également parvenu à un accord relatif à un plan d’activité équilibré. C’est donc en bonne voie.

Je pense qu’il est indispensable de rester attentif à ce qui se passe dans les trois segments de nos membres dès le début de ma présidence. J’aimerais également profiter du début de mon mandat pour aller à la rencontre des représentants des différentes organisations faîtières dont Vinum Et Spiritus fait partie.

Après ‘l’état de grâce’, les choses sérieuses vont pouvoir commencer. Selon vous, quels sujets faudra-t-il traiter en priorité à court terme ?

Nous ne devons pas fermer les yeux face aux conséquences du Covid-19, qu’elles soient économiques ou sociétales. Un plan de vaccination efficace est peut-être la seule garantie que nous ayons de reprendre une vie sociale normale. Certes, on aperçoit le bout du tunnel, mais le chemin à parcourir est encore long et incertain. Aucune réouverture de l’horeca n’est prévue à l’heure actuelle. Si les gérants d’établissements horeca bénéficient (à juste titre) de mesures de soutien, c’est nettement moins le cas de leurs fournisseurs, qui ont pu poursuivre (bien que de manière limitée) leurs activités. Certains collègues vivent des temps difficiles. Il est donc primordial de convaincre les autorités et les virologues d’un retour progressif à la normale pour les activités de l’horeca. C’est pourquoi je me suis récemment joint à 15 autres CEO belges en signant une lettre ouverte appelant à plus de clarté quant aux conditions de réouverture de l’horeca le 1er mai prochain et à la réouverture des terrasses à partir des vacances de Pâques assortie du maintien des mesures de soutien actuelles. Cette volonté de retour progressif à la normale s’applique également aux commerces, où les dégustations doivent graduellement retrouver leur place dans le respect des protocoles en vigueur. Dans le cas où aucun retour progressif à la normale n’est envisageable à court terme, il faudra exiger des mesures de soutien supplémentaires afin de garantir la survie des fournisseurs de l’horeca.

Et quels sont vos projets à long terme pour Vinum Et Spiritus ?

Le succès de notre secteur pour les 5 à 10 prochaines années dépendra de la compétitivité de nos entreprises et de la part de la consommation de nos produits dans un mode de vie équilibré, mais aussi de la part de l’économie circulaire dans notre budget et dans notre exploitation d’entreprise.

Bien que notre pays soit confronté à d’immenses défis budgétaires, nous continuons à demander aux autorités de s’atteler à la mise en place d’une architecture fiscale viable. Les accises sur nos produits sont tellement élevées qu’elles incitent chaque année un nombre toujours plus grand de consommateurs et de détaillants à acheter leurs alcools chez nos pays voisins, attirés par la différence de prix applicable à des produits similaires. Il est impératif de mettre rapidement fin à ce phénomène nuisible d’achats transfrontaliers dans l’intérêt de notre secteur, mais aussi du gouvernement. Et comme il est impossible de fermer nos frontières au sein du marché unique européen, il est indispensable de réduire les accises à un niveau semblable à celui de nos pays voisins.

La grande majorité des Belges consomme de l’alcool de manière mesurée et responsable. Cela n’empêche pas notre fédération de vouloir s’impliquer en vue d’opérer un changement de mentalité auprès du consommateur et ainsi de lutter efficacement contre des situations d’abus comme le « binge drinking » ou l’alcool au volant. Cette volonté nécessite un réel travail de concertation avec les autorités et les organisations sociales, mais aussi le secteur de la distribution et de l’horeca. Lors de ces négociations, nous devrons faire preuve d’un sens aigu et concret de nos responsabilités et de notre engagement sociétal. Mais nous ne tolérerons pas que l’intégralité de notre secteur soit diabolisée en réaction à l’une ou l’autre forme d’abus d’alcool commise par une petite minorité de la population.

La mise en place d’un commerce et d’une production durables est un thème à la fois vaste et d’une brûlante actualité, et il exerce un impact réel sur notre secteur. Les emballages font désormais partie de notre quotidien. Ils protègent nos produits, garantissent la sécurité alimentaire, luttent contre le gaspillage, simplifient le transport et informent le client. Mais ils sont aussi une source de pollution et exigent des procédés de recyclage efficaces. Nous devons rester ouverts aux innovations et par conséquent, nous impliquer dans ces développements technologiques. Toutefois, nous devons veiller à conserver un équilibre entre les dispositions qu’il nous incombe de respecter, les défis économiques à relever et les possibilités techniques de nos entreprises.  Il nous faudra également faire preuve de la même attention dans bon nombre d’autres investissements obligatoires liés au respect de l’environnement (tels que les dispositifs d’économie d’énergie, de purification et de filtration de l’eau, etc.).

Une fiscalité vraiment environnementale n’est plus nécessaire lorsque les changements de comportement qu’elle visait sont atteints. Or, la plupart des taxes et nouveaux impôts (régionaux) ont une portée budgétaire. Nous devons veiller à un équilibre dans ce domaine en collaboration avec nos autorités.

Quel rôle pensez-vous jouer dans ce contexte ?

Je ne suis vraiment pas un adepte du micromanagement. En effet, nous pouvons compter sur une excellente équipe pour la gestion quotidienne de la fédération. Elle me tient informé de tous les changements et prépare nos réunions internes jusque dans les moindres détails.

Le rôle fondamental d’une fédération professionnelle est d’unir les forces de ses membres et segments individuels et de les investir pour atteindre un objectif commun. Je suis donc essentiellement un créateur de liens, un constructeur de ponts. Et ce rôle a toute son importance, surtout dans une organisation hybride comme la nôtre.

Je suis convaincu que notre fédération existe « par et pour ses membres ». Face au nombre, à l’importance et à la complexité des sujets que nous traitons, il est indispensable de pouvoir compter sur l’implication de groupes de travail et de comités composés de membres expérimentés. Je pense qu’on peut aussi me voir comme un chasseur de têtes, ou comme un recruteur de talents dans le monde du football, chargé de repérer les bons joueurs au sein des équipes régionales pour leur proposer de jouer un match avec l’équipe nationale.

En qualité d’entrepreneur et de producteur, je suis incroyablement fier de notre savoir-faire et je n’ambitionne pas uniquement de soutenir et d’accompagner la fédération dans les préoccupations que j’ai pu énumérer plus haut. Je veux aussi assurer le rôle d’ambassadeur de nos vins et spiritueux, de nos distilleries et de nos viticulteurs.

Un grand merci pour cet entretien ! Nous vous souhaitons le meilleur pour les années à venir.