Le mois dernier, le thème de la « vie saine » a fait couler beaucoup d’encre. Le Standaard (18/7) lui a consacré un article et Humo (17/7) tout un dossier. Sciensano (20/7), qui a publié son enquête sur la qualité de vie, et Het Laatste Nieuws (3/8), qui titre en une « Matig drinken kan dementie voorkomen » (Boire avec modération peut prévenir la démence), viennent compléter le tableau.

« Dans notre pays, la santé est devenue une religion », constate la psychiatre Frieda Matthys (VUB). Elle se demande par contre si c’est réellement utile. « Notre espérance de vie dépasse déjà les quatre-vingts ans. On peut donc se poser la question de savoir si tous ces conseils pour veiller sur sa santé font une différence. »

Nous avons souvent une image romantique du régime méditerranéen, qui n’impose aucune obligation ni restriction. Ce mode de vie se caractérise par la sobriété. Un peu de tout et rien en excès.

De tout, mais avec mesure : ce principe s’applique aussi à l’alcool. Des chercheurs français (Het Laatste Nieuws, 3/8) ont conclu qu’une personne qui ne boit jamais court un risque de démence 47 % plus élevé que les personnes qui consomment la quantité maximale recommandée d’alcool par semaine. Marijs Geirnaert, du Vlaams Expertisecentrum Alcohol en andere Drugs (VAD, centre flamand d’expertise Alcool et autres drogues), partage cet avis : « Il est important que les personnes soient informées des risques pour qu’elles puissent faire des choix en toute connaissance de cause. Savoir dans quoi elles se lancent, apprendre comment leur corps réagit et se fixer des limites. »

Nous avons donc bien plus de soucis à nous faire à propos des modes de consommation déviants, notamment le binge drinking. Le public doit savoir que l’alcool n’est pas sans danger, mais que boire un verre de temps à autre ne doit pas être problématisé. L’avis du Conseil supérieur de la Santé, qui recommande de consommer maximum dix unités d’alcool par semaine, constitue une tentative de fixer cette vision en une norme de consommation générale.

Selon l’épidémiologiste Luc Bonneux, le binge drinking se rapproche plutôt de la consommation de drogue et a peu à voir avec le fait de boire. « Boire avec modération n’est pas un problème. Mais au-delà de trois unités, il y a excès. Cela peut arriver occasionnellement, mais ne peut pas devenir une habitude. Boire un à deux verres par jour réduit le risque d’infarctus, du fait de l’élargissement des vaisseaux sanguins qui en résulte. »

Sommes-nous vraiment décidés à prolonger notre vie de quelques mois ou années si en retour, nous devons renoncer à chaque petit plaisir, qu’il s’agisse d’un bon verre ou d’un repas au restaurant ? Telle est la question que chacun d’entre nous doit trancher.